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Austin-Healey 100/6 : le souffle d’un pionnier

Dans le vent chargé de sel des Cornouailles, un jeune homme aux yeux clairs rêve d’altitude et de vitesse. Donald Mitchell Healey, né en 1898 à Perranporth, petit village côtier anglais, est de ceux que la mécanique passionne depuis l’enfance. Le destin de ce futur constructeur automobile se forge dans l’ombre des avions, mais s’épanouira sur le bitume. L’Austin-Healey 100/6, née en 1956, est l’un des plus beaux fruits de cette trajectoire atypique : une voiture à la fois élégante, vive et profondément sincère.

Des avions aux voitures : l’itinéraire d’un ingénieur autodidacte

À 16 ans, Donald Healey quitte les bancs de l’école pour travailler chez Sopwith Aviation, constructeur du célèbre Sopwith Camel. Il s’engage rapidement dans le Royal Flying Corps, où il devient pilote en 1916. Deux ans plus tard, un tir ami met prématurément fin à sa carrière aérienne. Mais le goût du progrès, lui, est intact.

Touche-à-tout, Healey s’intéresse à la radio sans fil, devient le premier à établir une liaison avec un avion en vol et électrifie même son village natal de Perranporth. En 1921, il convainc son père de fonder un garage, alors même que personne ne possède de voiture dans les environs. Qu’importe : Donald les loue, les entretient, les fait découvrir. Il apprend ainsi à connaître, dans leurs moindres caprices, les ABC, Invicta, Ariel et autres Riley.

La course comme laboratoire

Dans les années 1930, Donald Healey se fait un nom dans les rallyes européens. Il pilote notamment pour Invicta, avec qui il remporte le Rallye Monte Carlo. Il entre ensuite chez Triumph, où il développe des voitures de série et de course jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

En 1945, à 47 ans, Healey fonde enfin sa propre marque : la Donald Healey Motor Company, installée dans un hangar de la RAF à Warwick. Les premières voitures, élégantes GT à moteurs Riley, marient innovation technique et esthétique soignée. Mais c’est en 1952 que le destin bascule.

La rencontre fondatrice : Austin et Healey

Lors du salon d’Earls Court, Donald Healey présente un prototype basé sur l’Austin A90 Atlantic. Ce roadster racé attire l’œil de Leonard Lord, patron de la division Austin de la British Motor Corporation (BMC). Les deux hommes concluent un accord de coentreprise dans la soirée même : Austin fournira les moteurs et assurera la production, Healey dessinera et développera les voitures.

La Austin-Healey 100 est lancée dans la foulée. Avec son 4 cylindres de 2,6 litres et son design signé Gerry Coker, elle séduit immédiatement les amateurs de voitures sportives accessibles mais racées.

Austin-Healey 100/6 : le compromis élégant

En 1956, la 100/6 prend le relais. Ce nouveau modèle, codé BN4, inaugure un moteur 6 cylindres de 2,6 litres, plus souple et plus adapté à une conduite “grand tourisme”. L’architecture évolue également avec l’apparition d’une version 2+2 (deux sièges symboliques à l’arrière). Deux ans plus tard, la BN6 rétablit la configuration stricte à deux places, plus sportive.

Caractéristiques notables :

  • Moteur : 6 cylindres en ligne, 2 639 cm³

  • Puissance : de 102 à 117 ch

  • Vitesse max : jusqu’à 174 km/h

  • Transmission : 4 rapports avec overdrive en option

  • Carrosserie : aluminium et acier

  • Conduite : vive, ferme, typiquement britannique

Son dessin conserve les traits élégants de la 100 originelle, avec une calandre légèrement inclinée, des ailes musclées, et cette position de conduite si basse qu’on semble tutoyer la route.

Une voiture forgée par la compétition

Comme toutes les Austin-Healey, la 100/6 est conçue avec l’esprit de course. Elle s’illustre dans diverses épreuves européennes et asiatiques. En 1955, la marque remporte le Grand Prix de Macao dans la catégorie sport. Puis viennent les rallyes des années 60, notamment grâce à la brillante Pat Moss, sœur de Stirling Moss, qui inscrit son nom au Liège-Rome-Liège (1960), Coupe des Alpes (1961-62), Rallye des Tulipes (1964), ou encore Rallye autrichien des Alpes.

Chaque victoire ajoute une ligne à l’aura d’une voiture née pour rouler — et non pas pour briller en vitrine.

Une aventure familiale et humaine

Derrière la réussite d’Austin-Healey se cache une équipe soudée. Outre Donald Healey, figure tutélaire, il faut citer :

  • Geoffrey Healey, son fils, ingénieur et pilote

  • Gerry Coker, designer de la 100, à l’origine de cette silhouette intemporelle

  • Les ouvriers de l’usine d’Abingdon, ex-usine MG, où les 100/6 seront assemblées avec un soin tout britannique

Le crépuscule d’un mythe

La production des Austin-Healey cesse en 1972. Déjà, en 1968, Donald Healey quitte l’entreprise, désabusé par la fusion de BMC avec British Leyland et l’apparition de normes de sécurité strictes sur le marché américain, qui sonnent le glas du style low-slung des roadsters classiques.

Seuls trois modèles auront vu le jour :

  • 100 (1953–1956)

  • 100/6 (1956–1959)

  • 3000 (1959–1967)

  • Et la Sprite, développée parallèlement à des fins plus accessibles

Mais leur aura dépasse largement leur durée de production. Aujourd’hui, ces voitures incarnent une époque révolue : celle où l’on concevait encore une automobile comme un plaisir de conduite, une expression du caractère, et une œuvre d’art roulante.

Conclusion : la 100/6, le maillon subtil

Ni aussi brutale que la première 100, ni aussi civilisée que la 3000, la 100/6 est le maillon de l’équilibre. Elle incarne une période de transition, où la marque Healey mûrit, sans renier son âme de pionnière. Chaque exemplaire raconte une histoire faite de mer, d’essence, de passion et d’invention, à l’image de son créateur.

 

 

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